Le retours d'Haeg Ponak.

**Haeg Ponak** 02.02.09 20:41

Il est des évènements, mes amis, qui marquent la vie d’une ville. Il est des évènements, mes amis, qui sont si inattendus que la télévision en parle pendant des jours, des semaines. Tyral fut marquée par de telles choses, de tels phénomènes. Parmi eux, on comptera facilement l’arrivée d’Osnel au conseil, la création de l’Inquisition, l’apparition subite des Ellipsis, la soudaine crise de folie d’un dirigeant mentalement déséquilibré.

Mais récemment, une nouvelle pierre blanche a marqué l’histoire de l’île la plus médiatisée du monde, l’arrivée au pouvoir d’un homme que d’aucun croyait mort, l’arrivée au pouvoir absolu d’un tout nouveau Tyran, et ce en moins d’une journée complète.

La prise de pouvoir d’Haeg Ponak.

Deux février 2017, salle de réunion du Haut commandement Inquisiteur.

Je remets ma cravate en place et fixe mes yeux bruns dans ceux, verts clair, de Nertod Zall, le Grand Inquisiteur. Il est assis juste en face de moi. La table est ovale, fort symbole. On voudrait nous faire croire que chacun ici est ouvert au dialogue. Illusions. Zall domine depuis trois mois seulement ce conseil, mais nul ne pourrait remettre en doute son pouvoir absolu. Il commande, et nous obéissons, tous.

Sa seule limite vient du fait qu’il sait qu’une épée de Damoclès est suspendue au dessus de son crâne. Son temps est compté. Des alliances se forment et disparaissent autour de lui comme de la lave en ébullition. Dès que l’une des alliances sera suffisamment forte pour être certaine de pouvoir placer un de ses représentants au pouvoir, il sera assassiné, comme ses quelques prédécesseurs depuis Osnel. Sa seule chance, c’est de maîtriser la totalité de l’assemblée, tout en maîtrisant la terreur inspiré, l’affection, et le respect. Le talent nécessaire pour cela n’a pas été égalé depuis Mathias Osnel, l’homme qui a su se faire craindre, aimer, et respecté, de la part de tous les Inquisiteurs.

La succession fut dure à assurée, et le chef suprême de l’Inquisition a laissé derrière lui une place libre mais difficile à garder. Aujourd’hui, c’est Zall, demain, qui sait qui viendra prendre sa place ? La politique est un sujet des plus compliqués…

Je regarde mes camarades. Je suis la seule femme de l’assemblée. Ils ont tous des têtes d’enterrement. Zall est en train de présenter un projet. Chacun écoute avec attention, mais nous ne sommes pas vraiment des scientifiques. Nous sommes les Rois des Lettres, les Maestro des Mots, les chefs de l’administration. Après qu’il aie présenté son projet, qui n’est évidemment pas de lui, nous nous chargerons de placer les scientifiques que nous jugeons nécessaires à son accomplissements aux différents postes clefs. Tout cela est routine, banalités… Pourtant, il me semble que quelque chose cloche.

Quelques minces détails attirent mon attention. L’ambiance semble tendue. La posture de l’homme à la droite de Zall a quelque chose de nerveuse, celle de Taylor est ambigüe, cela fait deux regards qu’il jette à son collègue d’en face, et je jurerais de l’avoir vu légèrement bougé son index.

Encore un complot ? Si c’es cela, le camp de ces trois là risquent de nous faire obstacle, j’ai pour ma part décidé de suivre Löbner, l’allemand qui se tient à ma gauche et qui suit d’un air parfaitement calme. Il m’a convaincu de sa puissance et j’ai décidé de tout faire pour l’aider à accéder au pouvoir. Son ascension au sein de l’Inquisition aura été la plus rapide jamais vue. Cependant, je suis pour le moment sa seule aide. Et à deux, nous n’arriverons à rien.

« Ça ne fonctionnera pas. »

C’est justement lui qui a parlé, tout en se levant. Je me tourne pour mieux le voir et cache habilement ma surprise. Nul jusqu’ici n’avait interrompu un projet, pour la simple et bonne raison que des personnes ici présentes, aucune n’aurait pu dire autre chose que « Un tel doit travaillé sur cette partie, il a déjà trois projets d’électrotechnique à son actif. »

Zall avait déjà réagit.

« Je vous demande pardon, monsieur Löbner ? »

« Ce projet est pourri jusqu’à la moelle, il respire les défauts techniques et les aberrances mathématiques. De plus il ne se fonde même pas sur de quelconques preuves scientifique de la possibilité du projet. J’ai noté quatre « Si.. » et trois « Avec un peu de chance.. ». C’est pas sérieux le moins du monde. Je suggère pour ma part de virer simplement et purement l’Inquisiteur qui a eu le culot de présenter une telle imbécilité. Le vote peut-il se faire à main levée ? »

« Je vous prie de m’excuser monsieur mais nous vous demandons pas votre avis d’un point de vue scientifique sur la chose, l’Inquisiteur qui as fournis ce travail parfaitement respectable fait partie de l’élite de nos hommes, et il en sait certainement bien plus que vous. »

« Bon, je vais pas me répéter cinq fois. Votre… Tommy… là, a simplement été le cherché dans les archives des expériences préalablement réalisée en 2007 dans un laboratoire indépendant nommé Typhon Corps, cela fait la cinquième qui passe sous vos yeux et dont vous faites l’éloge... Certe les autres expériences avaient de l’avenir, mais celle-ci, ce n’est même pas la peine d’y penser, elle a échoué lamentablement et elle échouera encore si vous tentez de la réaliser à nouveau, à moins que les plus compétant de vos membres soient mis sur le projet et qu’il soit lui-même ramené à 13% de son potentiel… Et encore. En plus, l’imbécile qui vous sert de valet n’a même pas été fichu de rassembler un dossier complet, mais simplement une version de base du projet, de simples objectifs et quelques notes d’un Inquisiteur malheureusement décédé dénommé Haeg Ponak, que vous connaissez certainement tous ici, à cette table… Quand au fait que ce boulet s’y connaisse scientifiquement mieux que moi, cela m’étonnerais fort, j’ai moi-même accomplit à moi seul le projet du Gritche, et la plupart des programmes de calculs de probabilités qui ont conduit à son élaboration. Nul ici n’est mieux placé pour vous parler de son échec prémédité. »

Zall bredouilla un instant, puis continua tant bien que mal.

« V… Vous dites être M. Ponak ? Mais vous savez parfaitement qu’il est mort ! Avez-vous perdu l’esprit ? Et aves vous des preuves de ce que vous avancez quand au vol de ces documents ? »

« Oui, je suis Haeg Ponak. Il n’y a que les imbéciles qui me croient mort. M’assassiner fût plus compliqué qu’on ne l’avait cru. Mais je suis de retours, et cette assemblée a besoin d’un peu de nettoyage. Elle a prit beaucoup plus d’importance qu’elle ne l’aurait due pendant l’absence d’Osnel… Il est temps que certaines choses retrouvent un peu d’ordre, ici. A présent je vais vous avouer que tout les membres de ce conseil ont déjà pactisé avec moi, et tous sont près à me suivre si vous osez me résister. Maintenant, vous pouvez vous rassoir. »

Tout le monde eu l’air un peu surpris autour de la table. Chacun avait du croire que Löbner, ou Ponak, n’avait compris qu’une ou deux personnes dans son alliance. Il avait du agir ainsi pour ne pas éveiller les soupçons. A présent, chacun n’avait que quelque secondes pour prendre en compte ce changement de variable et admettre qu’il n’y avait plus qu’une possibilité : le laisser prendre immédiatement le pouvoir. Pendant environ une minute, le silence plana, au fur et à mesure que chacun hochait la tête pour montrer son approbation. Enfin, Zall n’eu d’autre choix de de se rassoir. La seule personne restée debout fut donc Löbner, et chacun le reconnaissait désormais comme son chef, même si l’officialisation de tout ça serait plus longue à venir.

Dans les minutes qui suivirent, Ponak prouva son identité par scanner rétinien, puis raconta brièvement son histoire et ses nouveaux objectifs, ainsi que ceux de l’Inquisition. Il fit plusieurs discours sur le changement, et chacun sut en observant sa silhouette fière et sa voix ferme qu’il avait raison, et qu’il avait les moyens de réaliser ce qu’il disait vouloir accomplir.

Le soir même de cet étrange évènement, la nouvelle s’était répandue comme une traînée de poudre. Les médias en parlaient aux infos et nul n’ignorait plus la nouvelle, Ponak était revenu d’entre les morts, et l’Inquisition allait très vite regagner le peu de prestige que l’absence de chef fixe lui avait fait perdre.