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Quand on arrive en ville...

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Message  Catalina Opilion 26.05.10 23:12

    ... Tout le monde change de trottoir. Et effectivement, bien des gens préféraient s'écarter du chemin de cette femme, splendide dans sa colère, marchant droit devant elle sans crainte de bousculer le moindre lambda s'interposant entre elle et son but. Tout en elle respirait la détermination. Ce chien d'indic' avait osé la rouler, l'envoyant, de plus dans un piège sentant l'Inquisition à plein nez. Et il allait aujourd'hui de sa vie d'avoir essayé de lui mettre le grappin dessus.
    L'homme se faisait appeler Hector. Il l'avait contactée sous le prétexte d'informations importantes, concernant l'apparition de nouveaux Cerbers inconnues au bataillon, dont plusieurs étaient sur le point d'investir un immeuble désaffecté dans lequel une poignée de Défenseurs se retrouvaient bloqués, pris en tenailles. Malgré tout son mépris pour ce type d'individus - trop lâches pour entrer dans le combat sans merci ravageant Tyral mais jouant tout de même les délateurs auprès d'un camp ou d'un autre selon les opportunités, effectuant les plus basses besognes moyennant rémunération - elle ne pouvait se permettre d'accueillir l'information sans plus de réaction. En dépit du peu de solidarité des Défenseurs, et tant qu'elle serait en vie, elle ne les laisserait pas se faire massacrer sans réagir. Certes son dégout des "dégénérés" comme elle les appelait auparavant s'était amoindri depuis qu'elle côtoyait davantage les Ellipsis, mais ses idéaux demeuraient les mêmes et passaient en premier lieu par le démantèlement total de l'Inquisition. Se refusant à rejoindre les rebelles, elle gardait en ligne de mire la création d'une véritable faction, parallèle aux Ellipsis, qui se montrerait soudée face à cet ennemi de premier plan que représentaient Ponak et ses sbires.

    Mais au lieu dit, rien. Pas âme qui vive dans le bâtiment. Pas trace de passages récents, en dehors d'une éraflure légère sur le chambranle d'une porte. Éraflure qui l'avait sauvée de justesse, dans le bois abimé s'étant déposé une touche de poudre suggérant le passage d'hommes armés il y a peu, lui donnant tout juste le temps nécessaire pour repousser une attaque qui eu pu se révéler mortelle sans un providentiel parquet grinçant placé à l'endroit idéal pour lui permettre d'anticiper les déplacements de ses ennemis. Trois hommes de mains étaient morts ce jour là. Le premier d'une balle en plein ventre, le second la gorge transpercée d'un poignard, le troisième les vertèbres du cou brisées par un violent atémi asséné de justesse. Bien qu'elle n'éprouva aucune jouissance à tuer, elle n'avait jamais eu la moindre hésitation face à l'acte, préférant de loin prendre que la vie que la perdre. Mais ces trois morts l'avait prise au dépourvu de par leurs actions combinées et murement réfléchies. Il ne s'agissait pas là de simples mercenaires mais de tueurs assermentés qui n'avaient échoué qu'à cause d'une petite - bien petite - erreur et de la connaissance extraordinaire que la belle égyptienne avait du combat rapproché comme à distance. Cent fois, mille fois elle avait cru mourir, sentant une lame affutée frôler la peau tendre de son cou, ne devant qu'à ses réflexes sans failles de n'avoir pas succombé à l'un des trois envoyés. Enfin, assurée qu'aucun autre ne surviendrait, elle avait pris le temps de démasquer les trois tueurs. Dont l'un était une tueuse. Pas beaucoup plus vieille qu'elle-même mais pour qui le soleil ne se lèverait plus. La violence de l'affrontement contrastait avec la sensation de vie qu'elle ressentait depuis un peu plus d'une semaine, depuis la certitude de sa grossesse.
    Rien n'était clair dans cette affaire. Pourquoi avait-on pris la peine de l'envoyer là, sur de faux prétextes, pour la livrer à trois hommes de main visiblement très au fait de ce qu'ils avaient à faire. Était-ce pour mieux l'éloigner d'un autre lieu de conflit ? N'était-ce qu'une tentative d'intimidation ou une volonté claire de l'éliminer alors qu'avec ses idées d'un groupe de Défenseurs fort elle menaçait d'ébranler un peu plus le pouvoir de l'Inquisition, déjà quelque peu malmené ces derniers temps ?

    L'affaire méritait un éclaircissement dans les plus brefs délais. Après deux appels succincts à Febay et Amosis pour s'assurer qu'aucun des deux n'était actuellement en danger immédiat, le temps de passer chez elle pour joindre à ses habituelles tenues un léger rembourrage au niveau du ventre et elle avait filé chez l'un des Défenseurs espions les plus surs afin d'en apprendre plus sur cet individu qui l'avait menée jusque ce traquenard dans lequel elle avait bien manqué de laisser la vie. Cet Hector était un habitué des recoins les moins reluisants d'Aeranpolis. Ce qui ne laissait pas de l'intriguer. Avait-il été payé par l'Inquisition ? Cela signifiait-il que les nuages noirs planant au dessus de sa tête s'assombrissaient à vue d'oeil ? Quoi qu'il en soit, il convenait de tirer cela au clair sans tarder.

    Aeranpolis. Probablement le plus florissant des quatre quartiers-villes composant Tyral. Probablement aussi celui qu'elle appréciait le moins, les gens, conscients peut-être de s'y trouver sur le territoire de l'Inquisition, y étant moins spontanés que partout ailleurs. Sans compter la présence de nombreux Cerbers et autres hommes mains mêlés à la foule, plus habilement. Plutôt moins que plus d'après la Défenseuse qui trouvait pathétiques leurs vaines tentatives de paraître insignifiants au milieu de centaines d'autres êtres quelconques. Mais ceux-là avaient trop conscience de leur relative supériorité par rapport au peuple tyralien qui les craignait autant que leur maître.
    Aussi n'essayait-elle pas de se faire passer pour ce qu'elle n'était pas. S'il y avait une chose qu'elle ne savait pas faire, c'était bien jouer la comédie. Elle était trop d'un bloc, trop fière pour s'abaisser à ce genre de simagrées. Elle continuait son chemin, sans la moindre concession, marchant droit devant elle en fendant la foule des badauds de part en part. Selon l'homme qui l'avait renseignée, cet "Hector" affectionnait les abords les plus discrets du centre commercial, ce que l'égyptienne ne pouvait que considérer comme en choix stratégique intéressant et plutôt révélateur sur le personnage qui, tout en se montrant des lieux mal famés où pouvaient le rejoindre des hors-la-loi, demeurait à proximité du quartier général de Ponak. Décidément la situation était loin d'être limpide. Mais elle prouvait une sombre satisfaction à l'idée que l'explication viendrait bientôt et que cette raclure de taupe allait comprendre son erreur de l'avoir aiguillée vers ce chausse-trappe.

    Un choc bref sur son bras, suivi d'imprécations. Sans doute un de ces individus quelconque s'étant trouvé sur son chemin. Rien qui puisse la faire ralentir somme toute. Sauf si... une main s'abattant sur son épaule lui tira un soupir exaspéré. Agacée par avance de ce qui allait suivre, elle ne daigna pas se retourner.


      - Hé, ça va pas de bousculer tout le monde comme ça !? Vous vous prenez pour qui ?


    L'homme était revenu devant elle. Elle le toisa, sourcil levé, air méprisant transparaissant de toute son attitude.

      - Je suis pressée.
      - C'est pas une raison ! Vous...
      - J'ai dit : je suis pressée.


    Voix glaciale. Regard pénétrant. Menace latente. Lame affutée glissant le long de sa manche pour arriver dans sa main.

      - Autre chose ?
      - N... Non, non, je...


    Elle n'en écouta pas davantage, l'écartant à nouveau de son chemin pour reprendre sa marche. De toute façon, le centre commercial était en vue. Il allait lui falloir faire preuve d'un peu de prudence tant qu'elle n'aurait pas localisé ce pouilleux pour qui elle s'était déplacée jusque là. Se faufilant autant que possible hors du champ des caméras de surveillance dans les premiers étages du parking jusqu'à atteindre les rampes menant à ceux du sous-sol. S'il y avait une chance pour qu'elle trouva dans les parages ce serait certainement là. Personne n'y garait. La probabilité de récupérer une voiture abimée était trop grande. Sans compter que les risques liés au type d'individus y rôdant. L'un entrainant l'autre, l'endroit comptait parmi les pires endroits de la mégalopole en dépit de la proximité avec les bureaux de l'Inquisition.
    Catalina y déboucha. De rares néons clignotants et proches de leur fin grésillaient à qui mieux mieux. Quelques carcasses automobiles abandonnées gisaient ça et là. L'endroit était presque désert. Un homme, juste là, fumait sa clope, assis au volant d'une voiture laissée sur place depuis longtemps si l'on en jugeait par son état de délabrement. Trois autres individus jouaient aux cartes dans un coin. Et au fond, deux hommes s'entretenaient avec un petit homme malingre correspondant parfaitement à la description qu'on lui avait faite du dénommé Hector. Aucun ne l'avait encore repérée. Au total, quatre hommes, deux femmes. Plus sa cible. Et un effet de surprise qui ne manquerait pas d'être brisé avant d'avoir pu servir. Elle s'avança de quelques pas, tendant l'oreille vers les bribes d'informations lui parvenant. Un nom. Belham.


      - C'est pour lui que tu bosses ?
      - Opilion ?
      - Catalina. Je ne tiens pas à être confondue avec mon cousin.


    Il avait l'air stupéfait. Un sourire mauvais apparut sur les lèvres de la jeune femme. Autour d'eux, elle percevait le froissement des vêtements indiquant que ceux qu'elle avait laissés derrière se relevaient lentement. Si le combat éclatait, elle se retrouverait en mauvaise posture, impossible de jouer les filles de l'air. Deux issues seulement : la mince sortie de secours, derrière cette foutue taupe et la rampe d'accès pour les véhicules, à l'autre bout du parking, soit quelques cent-cinquante mètres.

      - Tu semble surpris.
      - En effet, je le suis, je pensais...
      - Tu pensais que je ne ferais pas le poids face à trois misérables tueurs ? Tu te trompais. Leurs corps sont encore sur place si tu souhaites les récupérer. Maintenant je repose ma première question : C'est pour Belham que tu bosses ?
      - Ces imbéciles sont morts ? Ils l'ont mérités puisqu'ils n'ont pas été capables de t'éliminer. Heureusement en venant me trouver tu as commis une erreur qui va me permettre de rectifier le tir.


    Incrédulité dans sa voix. Il semblait partagé entre l'envie de ne pas la croire et l'incompréhension de la voir se dresser là, devant lui, altière et indomptable.

      - Bon, j'admets t'avoir peut-être quelque peu sous-estimée. Mais j'espère que tu considèreras qu'un combat à neuf contre une représente un défi digne de toi.
      - Neuf contre moi ? Je n'en compte que six. Plus la demi-portion que tu es.
      - Moi ? Oh mais je ne suis pas un combattant ma chère Catalina. Je te laisse en compagnie de mes amis, même si j'avoue que j'aurais particulièrement apprécié de pouvoir te porter le coup final. Serrer ta petite gorge entre mes mains jusqu'à ce que tu rendes ton dernier souffle... Malheureusement je suis attendu ailleurs.
      - Ça ne fait donc que six.
      - Les trois autres ne vont pas tarder. Tiens, qu'est-ce que je disais !


    Trois hommes arrivaient en effet par l'issue de secours. Tandis que les deux d'entre eux se plaçaient de manière à lui couper toute retraite, le dernier se dirigea vers Hector, lui chuchotant quelques mots à l'oreille. Quelques mots qui lui firent froncer les sourcils.

      - Il semblerait que tu aies dit la vérité au sujet de nos compagnons. Dave vient de me confirmer leurs décès. Sais-tu que parmi eux, il y avait sa fiancée ? Tu comprendras bien sur qu'il ait à cœur de la venger, n'est-ce pas ? N'en ferais-tu pas autant à sa place ? Il est véritablement heureux de te retrouver ainsi ! Sur ce, je vous laisse. Si vous le pouvez, essayez de me la garder en vie. Mais elle risque de vous donner du fil à retordre. Alors à défaut, je me contenterai de son cadavre. A plus tard.


    Quelques secondes plus tard, il avait disparu par cette foutue issue de secours. Elle doutait cependant que le terme « heureux » soit le plus judicieux pour qualifier l'état d'esprit du nouvel arrivant et le regard haineux qu'il lui décochait. A vrai dire, il était probablement le plus dangereux de tous. Les autres arboraient – pour ceux placés dans son champ de vision – un sourire narquois à l'idée qu'elle puisse leur compliquer la tâche.

    Rien ne bougeait. Chacun semblant attendre qu'un autre entame la danse. Soit. Elle attendrait. Quelques minutes passèrent. Elle sentait leurs volontés s'amoindrir face au peu de réaction qu'elle manifestait. La tension montait petit à petit. Elle-même bouillait intérieurement bien que n'en laissant rien paraître. Il y avait longtemps qu'elle n'avait pas été en aussi mauvaise posture. En temps normal, les vaincre tous eut été possible. Ç'eut été long, difficile et elle y aurait récolté un nombre certain de blessures diverses et variées mais possible. A condition qu'elle se jette à corps perdu dans le combat. Mais dans l'état actuel des choses, déjà lasse de son précédent combat et soucieuse de cet enfant qu'elle portait... Certes sa mort n'apporterait rien au bébé mais elle préférait encore mourir avec lui que de vivre en le perdant.
    Un mouvement, enfin. L'un des plus jeunes, sur sa droite, probablement à bout d'attendre alors qu'elle était si près. Geste anodin qui déclenche l'enfer. Une lame partit dans la direction de l'impatient qui s'écroula, le ventre transpercé.

    Plus que huit.

    Elle fit un pas, sauta, s'aggripa à la grille protégeant le néon le plus proche et se rattrapa au sol souplement. Au moins n'était-elle plus encerclée, séparée de la rampe de sortie par ses adversaires. Une douleur vive l'envahit quand une balle vint se loger dans son bras droit, suivie d'un coup à lui en faire craquer l'os. A son tour elle tira, à bout portant, esquivant tant bien que mal les attaques venant de toutes parts. Elle perçut le bruit mat d'un corps tombant à terre.

    Plus que sept.

    Difficile d'attaquer efficacement en étant cernée de toutes parts, forcée de surveiller le moindre centimètre carré autour d'elle. Elle ne comptait plus les blessures encaissées depuis le début du combat, de la simple estafilade à cette maudite balle qui lui rappelait sa présence à chaque instant. Seul son ventre, efficacement protégé, demeurait intact. Le lieu était bien trop vaste. Il lui était impossible d'éviter l'encerclement. Elle qui se jouait comme personne des arrivées par surprises, sautant d'une fenêtre pour mieux revenir à l'assaut se retrouvait là, esquivant tant bien que mal les attaques toujours plus nombreuses, toujours plus acharnées. Manoeuvrant tant bien que mal, elle se plaça dos au mur le plus proche, repoussant les assauts de ses adversaires, jusqu'à être assurée de la protection de ses arrières. Entre deux parades, son coude percuta le nez le plus proche d'où jaillit un flot de sang.

    Plus que six.

    Peu à peu, elle accusait le coup de la fatigue, des forces qui s'échappaient par ses plaies ouvertes. Entièrement concentrée sur ce qui l'entourait, la jeune femme n'en laissait rien paraître. Mais ses mouvements se faisaient moins vifs, plus lourds. Au lieu d'user de toutes les ouvertures s'offrant à elle, elle prenait garde à protéger en premier lieu son ventre, s'enlisant petit à petit, incapable d'attaquer et de défendre efficacement tout en même temps. Une silhouette à sa gauche. Nez-brisé s'était relevé et revenait dans la danse.

    Retour à sept.

    Elle faiblissait. Elle le savait. Ses forces la fuyaient de plus en plus vite. Elle qui n'avait jamais perdu le moindre combat, elle voyait se profiler l'ombre de la dernière. La conversation qu'elle avait eu avec Febay au début du mois lui revint en mémoire. Elle s'était demandé combien de temps il faudrait pour que leur enfant ne se retrouve orphelin. Le jour semblait venu. Sauf qu'il mourrait avec elle, sans jamais avoir connu ni son père, ni le monde. Certes ses adversaires, touchés plus d'une fois par les ripostes fulgurantes de la belle Défenseuse mais elle ne réussirait pas à les vaincre tous. D'autant que conscients qu'elle peinait à soutenir le rythme, ils se faisaient de plus en plus empressés. En s'adossant au mur, elle avait protégé ses arrières mais s'était à nouveau fermée la voie vers la sortie. Une fois de plus, elle frappa vite et fort, suffisamment pour faire s'écrouler l'un de ses assaillants.

    Plus que six.

    Et il y avait ce Dave, qui ne prenait pas part au combat, bras croisés sur sa poitrine, une expression de haine pure figeant ses traits, restant là, patiemment attendant qu'elle ne s'effondre.
Catalina Opilion
Catalina Opilion
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Quand on arrive en ville... Empty Re: Quand on arrive en ville...

Message  Febay Karston 27.05.10 21:58

" Petite. "

Je relève le nez de mes cartes et regarde le Kaïd. Il s'appelle Jeff Broley. Il est un peu moins grand que son voisin de gauche, Amosis Opilion, mais sa carrure est toutefois plus impressionnante. Plus de muscle, et un visage angulaire au possible, un visage de faucon, effrayant. Il porte une veste grise et de fines lunettes noires cachent son regard assassin.

" Hé bien, je pousse. "

Amosis a tout juste bougé les lèvres. Ses cartes sont déjà repliées dans ses mains. Il les a à peine regardées. Si l’on n’avait pas déjà enchaîné plusieurs parties, je me demanderais même s'il sait vraiment jouer. Ses yeux sont fixés dans le regard d'un vietnamien qui lui fait face, à ma gauche, mais c'est à moi qu'il fait signe. Son index gauche tremble. Il a beaucoup de têtes. Le petit et le roi de trèfles. La chance est avec nous. Au tour de mon voisin de droite de parler.

" Mes amis, je garde ! "

Je le regarde. Il a dans les yeux une lueur de défis alors qu'il me fixe, sûr de lui. Arrogant et mondain, ce type n'a rien à faire dans le milieu du marché noir. Et pourtant il a atteint des sommets. Son double jeu, entre diverses grandes entreprises de l'île et le trafic sous le manteau, ici, à Seedorp, en fait un des meilleurs éléments de Broley. Il est l'homme le plus hypocrite et le plus comédien que je n'ai jamais rencontré. Plus menteur et manipulateur que lui, ça n'existe pas.

Je n'ai pas vraiment de jeu, surtout des bons atouts, le 21 notamment. Je fais confiance au maudit.


" Contre le chien. "

Beaucoup de regards surpris, même un, faux, d'Amosis. J'ai déjà calculé de combien on allait la faire, à présent que mon ami a pris le temps de me transmettre toutes ses cartes par notre code. Je suppose qu'il en a lui aussi fait autant. Le Viet paraît au comble de la déconfiture. Il n'a pas de jeu. Mais alors pas du tout. Son visage est un véritable livre ouvert. Je vois d'ici sa quasi misère de tête et d'atout, il ajoute donc :

" Soit, et tu appelles ?..
- Trèfle. "


Au sommet d'une des hautes tours vitrées de l'ancien aéroport de tyral, le jeu peut alors commencer. Les plis commencent à s'enchaîner. La partie est serrée alors que Broley demande :

" Alors, tu as besoin de combien de mes hommes ? "

Amosis balance un sept de pique. On les fait couper. Encore.

" Un seul. "

Le Viet récupère le pli et tente le coeur pour voir qui a le roi, et très certainement passer sa seule tête, la dame, au vu du léger reflet dans ses yeux et de l'expression de son visage. Amosis et moi avons assez peu de coeur, ainsi ne prend-t-on pas de risque en laissant passer ce pli. Je finis par un cavalier et le récupère. Maintenant, le Viet doit croire qu'un de ses amis a le Roi, mais n'a pas osé le mettre. Parfait. Ils n’ont même pas encore compris que l'on triche. Enfin, lui, en tout cas. Et il faut avouer qu'il est mauvais.

" Vous. "

Le Kaïd me regarde de travers. Les autres sourient en croyant à une mauvaise blague, en me snobant purement et simplement. Je relance à pique. Bam, ça coupe, et ils ont mal aux fesses. Broley me prend au sérieux. Cela se voit dans ses yeux. Alors qu'il pose son 12, il me jauge du regard. Personne au monde n'a jamais osé demander à un Kaïd de lui servir d'homme de main, à ma connaissance. L'aristo répond à la place de son maître, d'une voix hautaine, moqueuse, raillarde.

" Mais vous n'y pensez pas ! Un Kaïd dans les mains d'un clochard ! Vous vous prenez pour qui ? ! "

Amosis est prêt à assomer l'impertinent, mais c'est Broley qui l'arrête.

" N'insultez pas notre invité, Mr Gayard. "

L'intéressé lance un regard interrogatif à son maître tout en posant une carte de coeur. Je pose un 3. Le Viet pose sa dame.

" Pour quel genre de mission ? "

Amosis vient de faire le pli. Le Viet est littéralement vert. Nous rassemblons nos paquets de cartes. Je relance encore une fois à pique.

" Infiltration, au 1, Place Centrale. Et pose de dix bombes thermobariques. Nous nous sommes déjà procuré des plans. Nous ne serons que trois, pour éviter d'être trop rapidement repéré. "

Car il est évident que nous nous ferons repérer. Evidemment il faut que l'autre clampin la ramène.

"Et qu'a donc à y gagner Mr Broley, dites moi ? L'Inquisition fait notre compte ! C'est grace à elle que nous sommes ici et que nous prospérons. C'est elle qui fait la richesse de l'île, et qui nous laisse tranquille !
- Mr Broley sait ce qu'il a à y gagner. "

Le regard noir qu'Amosis lance à cet imbécile le refroidit d'un seul coup. Je pose mes trois dernières cartes, et fait tout les derniers plis. J'ajoute à l'intention du Kaïd qui n'a pas dit un mot, et qui continue de me jauger :

" Si vous acceptez, vous savez où nous trouver.
- Bien. J'apprécie que vous ayez pensé à moi pour cette affaire et je vais y réfléchir sérieusement. Mais avant cela, j'ai accepté de vous voir pour délivrer une information importante à Mr Opilion, si celui-ci daigne m'écouter et accepte de payer le prix qui résulte d'une telle information. "

Il s'est tourné vers Amosis et l'a regardé dans les yeux, tout le long qu'il parlait de lui à la troisième personne. Amosis accepte d'un hôchement de tête, sachant pertinemment que cela signifie qu'il va lui devoir beaucoup. Certainement une mission, ou quelque chose du genre, pourront payer la dette.

" Beaucoup de ragots circulent dans ce marché, et beaucoup de langues sont parfois trop pendues pour garder pour elles des choses qui devraient rester secrètes. Ainsi, tout personne qui se concentre suffisamment sur les écouter peut tomber sur de véritables mines d'or. "

Amosis hoche la tête. Il sait déjà tout ça, comme chacun de nous.

" Un petite étoile montante, qui se fait appeler Hector, traîne de plus en plus souvent dans les parages. On le suspecte un peu d'appartenir au clan des Juste-Fureur, mais rien n'est sûr. Par contre, là où cela vous intéresse, c'est qu'il semble que cet homme a prévu d'assassiner votre cousine. Si elle n'est pas déjà morte dans le guet-apens qu'il lui a préparé, alors il la tuera dans l'heure, dans le parking du centre commercial d'Aeranpolis, soyez en certains. Sur ce, l'heure des conversations doit à présent cesser pour vous laisser le champ libre. "

Il se lève. Amosis est livide mais il se lève en fait de même, ainsi que nous tous, à sa suite. Nous saluons nos hôtes, puis notre duo quitte la pièce. Il veut simplement profiter de l'occasion pour nous tester et voir si nous sommes véritablement dignes de lui. Mais en attendant, celle que j'aime, la cousine d'Amosis, est en danger de mort, et il va falloir faire très vite.

Je refuse catégoriquement de la perdre. Catalina est aujourd'hui devenue pour moi d'une importance capitale. Elle m'a tant apportée depuis plus d'un an qu'il est impossible d'en faire le compte. Et aujourd'hui, elle porte mon enfant.

Catalina nous a tout les deux appelé avant qu'on entre chez le Kaïd. Bien que l'on ait trouvé ça étrange, nous avons espéré qu'elle s'ennuyait simplement. Et à bien comprendre la situation, Broley aurait même pu nous prévénir avant le fameux guet-apens, il se foutait de nous donner ou non cette information, de sauver ou non la cousine d'Amosis. Ceci est bel et bien juste un test qu'il a décidé de nous donner, piochant au hasard dans la colossale mine d'information auxquelles il a accès. Un tel pouvoir fait juste peur. Que sait-il d'autre sur la vie de chacun des citoyens Tyraliens, que savent d'autre l'ensemble des Kaïds du marché noir ?

Nous courrons en vitesse vers la sortie du marché, pour récupérer ma voiture. Après avoir démarré le moteur de ma fine Audi rouge aux reflets irisés, la radio s'allume automatiquement à un volume hors normes. Amosis la baisse rapidement. Je le regarde en lui souriant d'un air d'excuse. Nous démarrons en trombe dans les rues de Seedorp. Aeranpolis est encore loin. Arriverons nous à temps ?
Febay Karston
Febay Karston
Ellipsis / Ellipsien(ne)


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